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La filière agricole guyanaise

La Guyane française représente un territoire d’environ 84.000 km2 situé au nord de l’Amérique du Sud, entre le Brésil à l’Est et au Sud et le Surinam à l’Ouest. Son statut administratif est double, puisqu’il s’agit à la fois d’un département d’Outre-mer (DOM) et d’une région française. La forêt tropicale humide occupe 96% du territoire, soit plus de 8 millions d’hectares. Sa position géostratégique dans le continuum sud-américain n’empêche pas qu’elle se présente essentiellement comme une enclave, un territoire au fonctionnement insulaire.

 

Une géographie hors normes européennes

 

Malgré l’immensité du territoire guyanais, la portion utilisable est très limitée. Le faible nombre de terres aménagées constitue un frein au développement agricole, et dans le même temps, un atout pour la préservation de la richesse de la biodiversité. Environ 96% de la superficie est couverte de forêts (contre 27% en France métropolitaine). Le climat y est chaud et humide, entraînant un fort degré d’hygrométrie sur une bonne partie de l’année. Le réseau hydrographique est exceptionnel (26.500 km). L’excès d’eau en saison des pluies rend souvent le drainage indispensable, engendrant des surcoûts importants. La ressource en eau de surface est abondante, en revanche, les eaux souterraines sont plus rares et les forages, qu’ils soient de surface ou profonds, donnent rarement plus de quelques m3/h. La qualité des eaux est menacée sur plusieurs endroits par l’activité d’orpaillage et la protection des ressources devient ainsi un enjeu de plus en plus important.

 

La forêt guyanaise est remarquable par sa luxuriance et sa biodiversité. On compte plus de 1.000 espèces ligneuses, la faune comprend notamment 685 espèces d’oiseaux et 400.000 espèces d’insectes (soit 10 à 20% du nombre recensé dans le monde). Afin de préserver cet inestimable patrimoine, un parc national a été créé en mars 2007, côtoyant un parc naturel régional qui existe depuis plusieurs années déjà.

 

Une démographie galopante

 

La Guyane connaît une très forte croissance démographique, la plus élevée parmi les départements d’Outre-mer, et les démographes prévoient un doublement de la population d’ici environ 25 ans. La région se singularise aussi par la jeunesse de ses habitants, les moins de 20 ans représentent 43% de la population. Ces chiffres s’expliquent à la fois par un taux de natalité élevé et, en partie, par une forte pression migratoire en provenance des pays voisins, principalement le Brésil et le Surinam. 

 

Une autre caractéristique de la population guyanaise est sa répartition très inégale sur le territoire. Concentrée sur le littoral (sur près de 800.000 hectares) et le long des grands fleuves, qui ont longtemps constitué les seuls axes de pénétration vers l’intérieur, la Guyane compte d’immenses zones entièrement vides et couvertes de forêts primaires.

 

D’une manière générale, le développement des infrastructures de base peine à suivre la courbe démographique et, dans de nombreux sites isolés, les préoccupations majeures des populations sont relatives à l’accès à l’eau potable et à l’électricité (50% de la population guyanaise n’a pas accès à l’eau potable et 35% n’est pas raccordée à l’électricité). Une dichotomie importante s’observe entre un nombre restreint d’exploitants évoluant sur un modèle européen (bénéficiaires des aides), et une majorité d’agriculteurs vivriers, qui se situent en dehors de tout circuit économique et social.

L’environnement en Guyane

 

La Guyane recèle des ressources naturelles abondantes et variées, notamment sa forêt tropicale, unique au sein de l'Union européenne. Elle fait partie intégrante du massif forestier du Plateau des Guyanes, et représente plus de 8 millions d'hectares, soit 96% du territoire du département.

 

Le sous-sol renferme, quant à lui, un grand nombre de minéraux, en particulier l’or, dont l’exploitation actuelle pose de nombreux problèmes.

 

Une autre richesse importante de la Guyane est son eau. Le réseau hydrographique étant particulièrement dense, la ressource en eau est conséquente.

 

Un marché agricole guyanais en forte croissance

 

La Guyane est le seul département français où le nombre d’exploitations agricoles augmente fortement. Depuis 2011, Dom Com Invest a financé le développement du secteur agricole guyanais, notamment le secteur vivrier, avec plus de 260 M€ d’investissements.

 

Ainsi, et du fait de la vivacité et de la persistance d’une agriculture traditionnelle conduite sur de petites exploitations individuelles pratiquant la culture sur abattis, le nombre d’exploitations agricoles s’est accru de près de 20% au cours des dix dernières années.

 

Le moteur de cette croissance est lié en partie au boom démographique enregistré sur l’Ouest guyanais où la population a augmenté de 44% avec dans le même temps un nombre d’exploitations qui a bondi de 46% pour atteindre un chiffre vraisemblablement compris entre 3.500 et 4.000 unités, de taille variable.

 

La Guyane a enregistré une hausse marquée de son taux de croissance démographique qui avoisine les 6%.

 

Parmi les 22 communes qui composent la Guyane, sept d’entre elles couvrent près de 36.500 km2 et totalisent, selon le dernier recensement, 37.400 habitants. En réalité, ce dernier chiffre est largement sous-estimé et la population est probablement beaucoup plus nombreuse en 2013. Malgré ces chiffres, il n’y a pas encore eu d’exode massif des populations du fleuve vers Saint-Laurent ou Cayenne.

 

Plus qu’ailleurs, en Guyane les pratiques agricoles de l’Ouest, très diversifiées, restent marquées par les traditions. Cette sous-région est en effet une zone de confluence des différentes cultures présentes en Guyane. Des formes parfois peu évoluées de production traditionnelle y côtoient de grandes fermes mécanisées (riz, élevage).

 

Ainsi, une certaine expansion agricole, celle du monde des abattis et des cultures traditionnelles, est clairement corrélée à cette croissance démographique de l’Ouest. En conséquence, la population agricole familiale est devenue plus nombreuse. Elle est aujourd’hui évaluée, sur l’ensemble de la Guyane, à 20.000 personnes.

 

Avec une population active agricole de 7,5%, la Guyane est ainsi la première région agricole française.

 

Quelles sont les principales communautés agricoles exerçant en Guyane ?

 

La Guyane se caractérise par une grande diversité de communautés agricoles, issues de son histoire migratoire et de la mosaïque culturelle du territoire, chacune apporte ses pratiques, ses savoirs et contribue à la diversité et à la résilience de l’agriculture locale. Voici les principales communautés identifiées :

 

Communautés autochtones

- Les peuples autochtones (notamment Palikur, Wayana, Kali’na, etc.) pratiquent traditionnellement l’agriculture sur abattis, un système itinérant basé sur la culture vivrière sur brûlis, avec une forte valorisation des savoirs forestiers et des cultures associées (manioc, patate douce, bananier, arbres fruitiers et médicinaux).

- L’habitat reste souvent séparé des parcelles cultivées, conformément aux traditions locales.

 

Communautés bushinenguées

- Issues des descendants d’esclaves marrons, principalement installées dans l’ouest guyanais, ces communautés pratiquent une agriculture vivrière sur abattis, mais évoluent progressivement vers des cultures maraîchères et vivrières sédentaires, notamment dans les zones du moyen Maroni.

 

Communautés hmongs

- Arrivées dans les années 1980 en tant que réfugiés d’Asie du Sud-Est, les Hmong se sont installés dans les villages de Cacao et Javouhey. Ils ont introduit un modèle de maraîchage intensif, structuré et reconnu pour sa productivité, fournissant une part importante des légumes frais sur le marché local.

- Leurs exploitations sont sédentaires, à proximité immédiate des villages.

 

Agriculteurs créoles et métropolitains

- Présents principalement sur la bande littorale, ils exploitent des surfaces plus importantes, souvent mécanisées, pour une agriculture à vocation marchande. Cette catégorie regroupe aussi bien des exploitations familiales que des exploitations professionnelles de taille moyenne à grande.

 

Autres communautés rurales

- On trouve également des communautés issues de diverses migrations (antillaises, brésiliennes, surinamaises, haïtiennes, etc.), qui participent à la diversité du paysage agricole guyanais, notamment dans les zones urbaines et périurbaines.